Né en 1905 dans une famille juive Hongroise francophile, Géza Szobel étudie à l'Académie des Beaux-Arts de Prague. Il expose ses premières peintures en 1928, au Palais culturel de Komarno, sa ville de naissance, inspirées des œuvres des surréalistes et des cubistes de l’Ecole de Paris qu’il découvre lors d’un voyage à Paris en 1927.

Après un séjour à Berlin entre 1929 et 1932, son style s'enrichit de l'influence de l'expressionnisme allemand, ainsi que du travail sur les couleurs réalisé durant une bourse d'études en Italie. De retour à Prague, il trouve peu à peu un cercle d’amateurs et expose à Bratislava en 1934. Il rencontre sa future femme, une Française qui enseigne au Lycée Français de Prague, qu’il suit à Paris, où il deviendra l’élève de Fernand Léger à l'Académie de l’Art contemporain.

Il expose régulièrement au Salon des Surindépendants et se lie avec les peintres Estève, Ubac, Lovenstein, Mané-Katz, et surtout avec Robert et Sonia Delaunay, qui lui feront rencontrer Le Corbusier, Aragon, Chagall. Dans cette atmosphère inspirante, il forge son style propre semi-figuratif, teinté de surréalisme.

La Galerie du Journal Beaux-Arts présente son travail pour la première fois en 1937. La même année, il participe à la décoration du Palais de l’Air et de la fresque la Fée Electricité, dans l’équipe à l’équipe dirigée par les Delaunay pour l'Exposition Universelle des Arts et Techniques. Ces années inaugurent une longue période où l’artiste réhabilite la technique des glacis utilisée à l’époque de la Renaissance, superposant des couches de couleur pour créer des effets de transparence.

Engagé volontaire en 1939 dans la légion tchécoslovaque à Agde, il part sur le front de la Marne, puis rejoint Londres après l’appel du 18 juin 1940 dans le bataillon tchécoslovaque de la Royal Air Force, après avoir mis en lieu sûr ses tableaux, menacés de destruction par les nazis. Il exécute alors de nombreuses oeuvres de propagande anti-nazie, mais réalise surtout des dessins et estampes inspirés des crimes de guerre et des pogroms, constitués de personnages torturés et de scènes d'épouvante. Ces dessins seront rassemblés dans un ouvrage intitulé “Civilisation”, publié chez Pinguin Books en 1942, et seront exposés à l’Institut Tchécoslovaque de Londres, aux côtés des gravures de Goya “Les désastres de la guerre”, ainsi qu’à Belfast, Dublin ou encore Aberdeen. Démobilisé en 1945, il apprend la déportation et le massacre de tous les membres de sa famille à Auschwitz. Après la guerre, de retour à Paris, il entame des démarches pour sa naturalisation française, qu’il obtiendra en 1950.

Durant cette période, sa peinture évolue vers des structures plus strictes et des rythmes géométriques hérités du cubisme, conservant la technique des glacis et des transparences. Il expose chaque année au Salon de Mai et participe à de nombreuses expositions de groupe, en Europe et en Amérique. Plusieurs expositions personnelles de ses œuvres sont organisées en Angleterre, à Rotterdam et à Paris (notamment dans la Galerie de France et la Galerie  Vendôme).

Il se lie d’amitié avec l’écrivain Steinbeck, qui séjournera dans sa maison Sancerroise et lui achète en 1953 une grande toile appelée  “Maternité". Il demeure cependant à l’écart de la vie mondaine et se replie de plus en plus sur son travail, continuant ses recherches sur l’espace, la lumière, et mettant au point l’utilisation d’une nouvelle matière âpre, sèche, lumineuse cependant, qui, dans ses œuvres, se substituera désormais au glacis.  
Son style évolue vers l’abstraction, les surfaces se morcellent, zébrées de hachures, qui cloisonnent la lumière des coloris. Aux tableaux solidement architecturés succède un style brisé, rythmé par le craquellement des structures. Les traits vont ensuite s’allonger et s’assouplir, les surfaces se noyer dans des harmonies de couleurs aigres-douces, avec des éclats de rouges, de bleus profonds ou des verts aquatiques, parfois amorties par un léger nuage de blanc que l’on trouve sur nombre de panneaux.  Malgré une santé qui se dégrade, il ne se ménage pas, travaille énormément. Il continue d’exposer dans divers salons, et la galerie Blumenthal lui consacre deux importantes expositions, en 1961 et en 1963.

Alors qu’il doit se rendre à la Galerie Blumenthal, qui lui consacre une deuxième exposition, Géza Szobel meurt chez lui, à Boulogne Billancourt, le 12 juin 1963 d’une embolie foudroyante.

Expositions individuelles

1928

  • Palais de la Culture, Komárom

1934

  • Národné M., Prímási palato, Bratislava

1937

  • Galerie du Journal des Beaux-Arts, Paris

1942

  • Civilisation, Institut Tchécoslovaque, Londres —> catalogue

  • Whitechapel Art Gallery, Londres

1943

  • Art Gallery, Belfast —> catalogue

  • The Fine Art Society, Londres

  • National Gallery of Scotland, Édimbourg —> catalogue

  • The Art Gallery, Aberdeen —> catalogue

  • Corporation Art Gallery - Albert Institute, Dundee —> catalogue

1944

  • Gallery Waddington, Dublin

1945

  • Galerie Vendôme, Paris

  • Gallery Gimpel Fils, Londres

  • Victor Waddington Gallery, Dublin

1946

  • M. Boymans , Rotterdam

1947

  • Galerie de France, Paris —> catalogue

  • Galerie Gimpel Fils, Londres

1948, 1950

  • Galerie Gimpel Fils, Londres

1951

  • Galerie de Beaune, Paris

1952

  • Galerie de France, Paris

1961, 1963

2012, 2023

Expositions collectives sélectionnées

1937

  • Exposition collective, Galerie L'Équipe, boulevard du Montparnasse, Paris

1943

  • Institut Tchécoslovaque, Londres (cat.)

  • The Wallace Collection, Hertford House, Londres (cat.)

  • Redfern Gallery, Londres (act.)

1945

  • The Leicester Galleries, London (cat.)

  • Exposition d'artistes tchécoslovaques vivant en France, Galerie de Beaux-Art, Paris (cat.)

1947

  • Exposition française, Galerie Victor Waddington, Dublin

1950

  • Salon de l'Art Sacré, Paris

1952

  • An Exhibition of the Paintings of the Ecole de Paris, British Council, Paris

1959, 1960, 1961

  • Galerie Prestige des Arts , Paris

1963

  • Salon de l'Art Sacré, Paris.

Littérature

Stránsky, J. : Civilisation de Géza Szobel, Harmondsworth Middlesex, 1942

asaryk J.-Read, H. : L'Étoile de David de Géza Szobel (cat., inv. tan., Museum and Art Gallery, Stranmillis, Belfast, 1943)

Elgar, F. : Géza Szobel : Oeuvres 1957-1961 (cat., inv. tan., Galerie Mariac Blumenthal, Paris, 1961)

Chevalier, D. : Géza Szobel (cat., cat. int., Galerie Blumenthal, Paris, 1963)

Taillandier, Y. : Géza Szobel (cat. cat., XXe Salon de Mai, Musée D'Art Moderne de la Ville de Paris, 1964)

(T.) [Tilkovský, V.] : Géza Szobel, Revue littéraire, 1968/10.Abelovský, J.-Bajcurová, K. : Výtvarná moderna Slovenska, Bratislava, 1997.